Il y a très exactement 104 ans aujourd'hui, Robert E. Howard, un écrivain extrêmement talentueux, voyait le jour à Peaster, au Texas. Il fut le fils unique du Dr Isaac Mordecai Howard, un médecin itinérant, et de Hester Jane Ervin Howard, mère aimante qui jouerait un rôle important dans l'avenir de Howard.

Le jeune Robert aimait écrire et rédiger des poèmes, et sa mère l'encouragea à persévérer dans cette voie, étant elle aussi passionnée d'écriture et de poésie. Hester l'incita à lire des œuvres extrêmement variées. Plus tard, elle fut la première à féliciter et à soutenir son fils quand il commença à écrire ses premiers poèmes et ses premières histoires.

À l'école, c'était un élève poli mais réservé, qui s'ennuyait ferme et ne s'intéressait que très peu aux cours répétitifs et sans passion donnés ses enseignants. Il faisait juste le minimum pour les satisfaire, tout en déployant le moins d'efforts possible. C'est à cette période de sa vie que sa passion pour la liberté fit surface et il commença à développer un dédain marqué pour la discipline et les tâches triviales qu'on lui imposait. Il voulait être son propre maître. Au fil des ans, il eut plusieurs métiers, mais le travail routinier le peinait profondément. Ce n'était pas de travailler qu'il détestait, mais plutôt le fait que d'autres décident ce qu'il devait faire de sa vie. Ce désir de contrôler son destin contribua à son indéfectible détermination à réussir en tant qu'écrivain. Robert E. Howard finit par atteindre son objectif et par récolter les fruits de son travail, ce qui lui permit de vivre comme il le souhaitait, car nul ne pouvait lui dire ce qu'il devait faire ou quand il devait le faire.


Dans sa jeunesse, Robert E. Howard connut de nombreux déménagements, son père changeant souvent de ville. Tous ces voyages dans le Texas le mirent en contact avec d'autres migrants qui vivaient dans ces villes champignons instantanément prospères mais qui déclinaient dès qu'il n'y avait plus de pétrole dans le sous-sol. Le jeune Robert était friand des histoires de fantômes racontées par les anciens esclaves et de celles, extrêmement évocatrices, que lui contait sa grand-mère. Au fil des ans, il en vint à apprécier la force et l'honnêteté rugueuse de ce peuple et de la terre elle-même.

Comme il l'expliqua dans ses lettres à ses amis, tous ces gens, tous ces lieux et toutes ces images qu'il découvrit au fil de ses voyages, toutes ces leçons glanées sur la société et la civilisation, devinrent une source d'inspiration pour ses personnages, ses mondes imaginaires et ses récits fabuleux. Pour lui, Conan était un peu un mélange de ces ouvriers du pétrole et autres rudes travailleurs, honnêtes ou non, qu'il avait rencontrés d'un bout à l'autre du Texas au fil des ans.

En 1928, sa renommée était suffisante pour lui permettre de vivre de ses écrits. Ses nouvelles étaient publiées dans de nombreux magazines de l'époque, tels que Weird Tales. Ses œuvres plaisaient à un public aussi large qu'enthousiaste, et il était fier de son succès. Dans les années qui suivirent, il créa des personnages célèbres tels que Conan le Cimmérien, qui imposait sa force aux nations de son ère hyborienne, mais aussi d'autres protagonistes comme Bran Mak Morn, Picte vivant dans l'antique Bretagne, Solomon Kane, voyageur puritain d'une Europe du XVIe siècle aussi troublée que lui, ou encore Kull l'Atlante, roi barbare d'un monde encore antérieur à celui de Conan. Il créa également des dizaines de personnages vivant dans des époques historiques merveilleusement retranscrites. C'était un écrivain aux talents variés, capable d'écrire de fantastiques histoires dans tous les genres.

Malgré une carrière relativement brève, il publia bien plus d'une centaine de nouvelles dans divers magazines, et un nombre de poèmes plus important encore. Il est universellement reconnu comme le père d'un genre littéraire, la « Sword and Sorcery », qui continue d'inspirer de nombreux auteurs à l'heure actuelle.

L'existence de Howard n'était pas sans drames et tragédies, mais il parvenait à canaliser même ses pires angoisses et souffrances dans ses histoires. Il résista longtemps, jusqu'à ce que cela devînt trop dur. La nuit du 11 juin 1936, il succomba à une profonde dépression née de ses pulsions négatives et d'une longue série de drames qui l'avaient miné sur le plan émotionnel et auxquels il n'avait plus la force de faire face. Comme il l'avait souvent évoqué dans ses plus sombres poèmes, il mit un terme à ses jours à l'aide d'un pistolet emprunté à un ami.

Bien qu'il ne vécût que trente ans, Robert E. Howard joua de nombreux rôles. Il fut un fils aimant, un conteur à l'imagination débordante et un ami loyal pour les nombreux hommes et femmes qui eurent le privilège de le connaître. Il est toujours avec nous aujourd'hui, au travers des personnages et des récits qu'il nous a laissés. C'est avec une gratitude infinie pour l'héritage durable qu'il nous a légué que nous célébrons aujourd'hui le 104e anniversaire de Robert Ervin Howard.